JEUX OLYMPIQUES DE LA JEUNESSE
L'ÉPOPÉE JURASSIENNE

Ils étaient six athlètes du Massif jurassien au rendez-vous des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2020. Un an après cet événement, on vous propose de prendre des nouvelles de Joséphine Pagnier (saut à ski), Léonie Jeannier (biathlon), Luc Primet (ski de fond), Emma Tréand, Marco Heinis et Mattéo Baud (combiné nordique).

Photo Yannick FOUSTOUL

Joséphine Pagnier, une confirmation attendue

Attendue au tournant lors des JOJ 2020, la sauteuse du Risoux club Chaux-Neuve a tenu son rang avec deux médailles dont l’argent lors de l’épreuve individuelle.

Quand un athlète fait front à la pression et réussit à atteindre ses objectifs, on se dit qu’il est sur la bonne voie. Joséphine Pagnier est parvenue à confirmer les espoirs placés en elle lors de ses Jeux Olympiques de la Jeunesse en ramenant deux médailles dans son escarcelle. « J’en garde.un excellent souvenir, c’était vraiment une chouette expérience », savoure la Doubiste.

Sur l’épreuve individuelle, Joséphine Pagnier est passée proche de l’or olympique. En tête après le premier saut (82 m) avec 4,4 points d’avance sur la Russe Anna Shpyneva, la tricolore n’a pu réitérer cette performance lors du saut final (79,5 m). Argentée, la sauteuse tricolore pouvait nourrir des regrets à chaud. Mais sept mois plus tard, la frustration est passée : « Je n’ai plus vraiment de regrets car c’est du passé et il faut voir au-delà du résultat », analyse avec du recul la Doubiste.

Pas le temps de savourer, la belle moisson de la sauteuse s’est poursuivie dès le lendemain avec l’épreuve mixte par équipes. Une belle troisième place qui vient clôturer de bons JOJ pour l’athlète qui termine donc cette compétition avec deux médailles. « Ces 2 médailles sont effectivement une satisfaction », admet Joséphine.

Là où l’athlète étonne, c’est dans sa vision à long terme. Au lieu de profiter de l’instant présent, elle se projette déjà dans l’avenir. « C’était vraiment une grosse opportunité de participer à un évènement comme celui-là. C’était un bon entraînement pour le futur. »

« Les JOJ ? Un bon entraînement pour le futur »

Avec ces résultats, on pourrait penser, fort logiquement, que la suite s’annonce dorée pour la sociétaire de Chaux-Neuve avec des Jeux Olympiques en ligne de mire ? Très posée, la Doubiste rétorque : « Non, je ne pense pas que ses médailles m’ouvrent des espoirs de vrais JO car avec ou sans, mes objectifs restent les mêmes. »

Une construction par paliers de sa carrière, qui devrait se poursuivre encore lors de la nouvelle saison de coupe du monde où elle commence à se faire un nom. « Mon objectif c’est de me construire moi et ma carrière petit à petit pour pouvoir utiliser mon potentiel au maximum. »

Un potentiel, déjà confirmé, qui peut viser plus haut. Et pourquoi pas l’olympisme ? Affaire à suivre…

Aux JOJ 2020
Lors des JOJ
 Joséphine Pagnier a remporté la médaille d'argent du saut, aux JOJ 2020

Léonie Jeannier : après les JOJ,
objectif mondiaux juniors

Pour Léonie Jeannier, les Jeux Olympiques de la Jeunesse sont avant tout synonyme de bonheur partagé. Car c’est en équipe que la jeune biathlète du SC Verrières a connu les joies de croquer dans le métal d’une récompense olympique. Le 15 janvier 2020, elle est devenue la première médaillée franc-comtoise de ces JOJ en décrochant la médaille de bronze de relais mixte avec l’équipe de France lors de la dernière épreuve de biathlon.

Avec cinq fautes au tir, Léonie Jeannier a connu une course très compliquée. Dans un état grippal toute la semaine, la jeune Pontissalienne de 18 ans a couru avec beaucoup de courage. « J’avais une bonne angine. Mais ça va on avait des médecins donc j’ai pu me soigner au mieux », se souvient-elle. Le biathlon est la discipline nordique où le vivier tricolore est impressionnant. En décrochant sa sélection, Léonie Jeannier savait qu’elle était attendue au tournant.

Elle n’a pas déçu en terminant 6e  de l’individuel et 7e (meilleure Française) du sprint. La biathlète du Massif s’est sentie à l’aise sur une piste des Tuffes qu’elle connaît parfaitement pour s’y entraîner régulièrement. « Contrairement aux sélections, je n’étais pas du tout stressée. Beaucoup de monde était venu me voir, dont des copains de l’école, toute ma famille aussi. »

Deux top 10 et une médaille

Puis, est venue l’apothéose avec Fany Bertrand, Théo Guiraud-Poillot et Mathieu Garcia sur le relais mixte. Une médaille de bronze derrière l’Italie et la Russie. « C’était trop bien ! Une médaille collective c’est mieux qu’une médaille individuelle. On en a reparlé il n’y a pas longtemps avec l’équipe. On est tout proche et c’est un souvenir qu’on gardera à vie », sourit Léonie.

Comme ses partenaires et ses adversaires, son ascension a été brutalement rattrapée par la réalité. L’IBU a annoncé en septembre l’annulation du circuit juniors mondial. La saison de Léonie est actuellement rythmée par des Samse nationaux, en attendant les sélections pour les championnats du monde juniors qui ont été maintenus et se dérouleront en Autriche fin février (27 février-6 mars).

Les qualifications pour ces mondiaux lui donnent un horizon, ce qui est loin d’être le cas pour des centaines de milliers de sportifs. « Participer à ces mondiaux est un objectif », avoue la Doubiste avant d’ajouter du bout des lèvres : « S’ils ont lieu… » Même si elle n’a pas encore pu se frotter au gotha mondial durant l’hiver, Léonie Jeannier s’estime chanceuse d’avoir eu de la concurrence sur les pistes françaises. « On a un bon niveau en France. Faire des bonnes courses nous permet d’avoir des repères. On est la nation la plus privilégiée pour ça. Ce n’est pas le cas dans d’autres pays. »

Photo Laurent MERAT

Léonie Jeannier lors des JOJ 2020

Léonie Jeannier lors des JOJ 2020

En 2020

En 2020

En 2019

En 2019

Les JOJ ont été un tremplin pour Mattéo Baud

Licencié à l’Olympique Mont d'or à Métabief, le Jurassien a connu une progression fulgurante ces dernières années. Assez pour obtenir cette saison sa première sélection pour la grande coupe du monde. Sa prestation aux Jeux Olympiques de la Jeunesse il y a un an y est pour beaucoup.

« En une semaine à Lausanne, j’ai probablement progressé plus que sur toutes les autres compétitions de ma carrière réunies. »
Presque un an jour pour jour après les Jeux Olympiques de la Jeunesse de Lausanne (9-22 janvier 2020), les souvenirs sont toujours aussi frais chez Mattéo Baud. Toujours aussi intenses.

« J’ai tout de suite accroché. J’avais essayé plusieurs sports d’hiver, mais c’est vraiment sur le combiné que j’ai pris le plus de plaisir. Et petit à petit j’ai commencé les compétitions… »

Un long chemin parcouru jusqu’à cette sélection pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Sélection qui a été honorée d’une belle manière puisque le Jurassien y a décroché deux quatrièmes places : une en individuel et une par équipe. « Un tel événement ça construit une carrière. Tu apprends à gérer le stress d’un grand événement, la préparation pour arriver en forme le jour J et être au top. »

Cette sélection a-t-elle été un premier tournant dans la carrière du jeune homme ? « Je ne sais pas trop, par contre ce qui est sûr c’est que c’est forcément une étape à valider pour avoir une carrière au plus haut niveau et je pense m’en être pas trop mal sorti. »

Deux bonnes performances pour le jeune homme de 18 ans qui ont précédé une bonne fin de saison avec une 13e place à Planica en Slovénie en coupe du monde B, ainsi qu’une place de vice-champion du monde par équipes aux mondiaux juniors.

« Un tel événement ça construit une carrière »

Une progression remarquable qui aura permis à Mattéo Baud de décrocher cette année ses premières sélections pour la grande coupe du monde de combiné nordique. Avec l’objectif d’aller encore plus haut… Et encore plus loin.

« C’était une semaine de dingue, juste exceptionnelle ! En plus à la maison, (le combiné nordique avait lieu au stade des Tuffes à Prémanon, ndlr) c’était incroyable. C’était une semaine tellement enrichissante et pleine de plaisir, et pas seulement sur la compétition mais avec tout ce qui gravite autour, comme le village olympique », se remémore-t-il. « Jusque-là, c’est évidemment le plus bel événement de ma jeune carrière », enchaîne Mattéo.

Une carrière qui a commencé jeune, lorsqu’il démarre le ski de fond et effectue ses premiers sauts à l’âge de 7 ans.

Mattéo Baud a pris la 4e place de l'épreuve de combiné nordique, samedi, à Prémanon.
Photo Laurent MERAT

Marco Heinis en 2019.

Marco Heinis en 2019.

Photo Laurent MERAT

Marco Heinis en 2019

Marco Heinis en 2019

Photo Laurent MERAT

Lors des JOJ en 2020

Lors des JOJ en 2020

Marco Heinis, entre expérience et déception

Ce 20 janvier 2020 résonnera pour le Doubiste comme un jour de première. Une première médaille olympique obtenue, de fort belle manière, après que les Bleus ont conclu le premier round à la cinquième place. Poussés par la rage d’une breloque, les tricolores ont effectué une seconde manche plus probante pour finalement décrocher le bronze.

Reparti des Tuffes avec cette médaille sur le concours de saut mixte par équipes, le combiné de l’Olympic Mont d’Or garde néanmoins quelques regrets de sa première olympiade disputée.

Quelques jours avant sa grande première en individuel, il est victime d’une petite maladie. La poisse. Et la peur d’anéantir tous ses espoirs de bien figurer.

« J’étais malade depuis une semaine. Lors de l’individuel, impossible d’avancer sur les skis, la forme n’était pas là », lance Marco.

Après le saut bouclé à la sixième place (66 mètres), il était pourtant en bonne position avec la médaille d’or qui ne pointait qu’à 24 secondes.

Mais au fil des six kilomètres, le Doubiste cède et se classe 11e. Une contre-performance qui n’enlève en rien l’expérience accumulée. « Je vois ça comme une chance d’avoir pu participer à cette épreuve, qui pour moi restera à jamais gravée dans ma tête. Et même si tout ne s’est pas passé comme je l’aurais voulu, je garde des souvenirs très forts de ces JOJ qui m’ont aidé à visualiser davantage les objectifs que je me donne pour la suite. »

Derrière ce tableau mitigé, Marco Heinis allait relever la tête, deux jours plus tard, avec l’épreuve de saut mixte par équipes.

Sept mois après la compétition, le skieur du Massif jurassien, qui fêtera ses 18 ans au mois d’avril, garde en souvenirs des JOJ une opportunité incroyable : « Une telle expérience n’arrive qu’une fois dans notre vie. J’ai donc mis toutes les chances de mon côté pour garder le plus de souvenirs possible et apprendre un maximum de choses. »

Dorénavant, Marco Heinis prépare une nouvelle saison à l’échelon européen. Le circuit OPA, comme tremplin de progression avant d’entrevoir la coupe continentale (COC) et pourquoi pas le circuit coupe du monde ?

Première internationale concluante
pour Luc Primet

Peut-on rêver mieux, pour une première compétition internationale, que les Jeux Olympiques de la Jeunesse ? Qui plus est quand ceux-ci se déroulent à domicile ? Ce n’est sûrement pas Luc Primet qui dira le contraire.

« C’est la première fois que je sortais du cadre national pour une compétition et je n’ai pas été déçu. C’était franchement extraordinaire », se souvient-il. Habitué du circuit national, le jeune Jurassien (18 ans) a pleinement profité de ce grand événement pour progresser sur, mais aussi en dehors de la piste.

« D’habitude, sur une compétition on est relativement tranquille. Mais là, il y a tellement de monde, que ce soit les spectateurs, les membres du staff qui sont là spécifiquement pour toi mais aussi les autres nations, les autres disciplines. C’est vraiment incroyable, tout est fait pour te mettre à l’aise. »

Sur la piste, les résultats ont été très bons, voire au-delà des espérances sur les trois épreuves auxquelles prenait part le Jurassien : une 21e place sur le skieur cross, 13e sur le sprint et 9e de l’individuelle.

« C’est très satisfaisant. Comme c’était ma première compétition internationale, je n’avais pas trop d’idées sur le niveau des autres, même si j’imaginais bien qu’il était très élevé, ce qui est le cas. Mais c’est aussi très homogène », constate-t-il.

« Forcément, se frotter aux meilleurs du monde, ça nous fait progresser encore plus. Mais aussi le fait d’avoir des coachs professionnels, ça nous a beaucoup apporté dans la préparation mais aussi la gestion des courses. Cette compétition donne une vraie impression du très haut niveau et on a l’impression d’être dans la cour des grands. »

Avec une progression constante et l’expérience qui s’accumule petit à petit, pourquoi ne pas viser plus haut ? Difficile à dire pour Luc Primet. « Je vais me concentrer sur le circuit national, la coupe de France et ne pas trop penser à la suite. Il faut être constant sur toute la saison, essayer de jouer devant et on verra bien ce qui va se passer. On verra si c’est possible de viser une sélection sur les coupes d’Europe. Je vais tout faire pour arriver au plus haut niveau et donner le meilleur de moi-même et on verra bien ce qu’il arrivera », conclut-il.

Lors de la Transjeune 2019
Le jurassien Luc Primet, sous les couleurs de l'équipe de France de ski de fond pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2020 à Lausanne

Médaillée aux Tuffes, Emma Tréand
a vu sa carrière stoppée

Actuellement en rééducation suite à une rupture des ligaments du genou droit survenue le 28 février dernier aux Tuffes à l’entraînement, la combiné de l’Olympic Mont d’Or revient sur des JOJ ponctués d’une médaille de bronze lors de l’épreuve de saut à ski par équipe.

Une parenthèse enchantée avant la chute. Emma Tréand a vécu les JOJ comme l’une de ses dernières compétitions. Avant de revenir sur cette blessure qui l’écarte des tremplins depuis fin février 2020, la Doubiste garde un souvenir impérissable.

« Retour espéré pour la saison 2021-2022 »

Treizième du combiné en individuel, c’est sur l’épreuve de saut spécial par équipes que la combiné a exulté avec ses camarades de l’équipe de France. Composée de Joséphine Pagnier, Emma Tréand, Marco Heinis et du Savoyard Valentin Foubert, l’équipe tricolore a en effet remporté la médaille de bronze derrière l’Autriche et le Japon au terme d’une prestation collective réussie. Les Bleus ont été sacrés après le dernier saut de Valentin Foubert. Cette épreuve mixte était inédite puisqu’elle réunissait deux sauteurs du combiné nordique et deux spécialistes du saut à ski.

« Je n’y croyais pas. J’avais un peu plus de pression qu’à l’individuel car je sautais pour l’équipe. Quand j’ai vu qu’on était troisième, la pression a laissé place à la joie. Partager la médaille à quatre était vraiment cool. »

Emma n’oublie pas cette première olympique. La suite, elle, sera noire. Cinq jours après une compétition en coupe continentale en Autriche le 23 février, Emma se blesse gravement au sautoir des Tuffes : « Suite à une mauvaise réception, je me suis fait les ligaments croisés antérieurs (LCA) du genou droit. Mon opération était prévue début avril, mais elle a été déplacée au 4 juin à cause du Covid. Je suis donc en rééducation pendant six mois », indique Emma. Une longue reconstruction qui devrait s’achever en juin 2021 : « Il faut faire attention de ne pas aller trop vite de crainte que le greffon casse et bien remuscler en profondeur les muscles qui entourent le genou. J’espère pouvoir sauter sans appréhension. »

Photo Laurent MERAT

Emma Treand et Maela Didier, les deux françaises qui auront représentées la France lors de ce premier combiné olympique de l'histoire

Emma Treand et Maela Didier, les deux françaises qui auront représentées la France lors de ce premier combiné olympique de l'histoire

Photo Laurent MERAT

Emma Tréand en 2019.

Emma Tréand en 2019.